- TÉLÉCOMMUNICATIONS - Transmissions optiques
- TÉLÉCOMMUNICATIONS - Transmissions optiquesLe développement des télécommunications s’est caractérisé par l’utilisation d’un domaine de fréquences de plus en plus vaste, depuis les quelques kilohertz des premières lignes téléphoniques jusqu’à la centaine de gigahertz des guides d’ondes circulaires. Il était donc a priori logique que la lumière puisse être utilisée afin de prolonger le spectre. Bien qu’ayant été le support du premier réseau de télécommunications digne de ce nom (le télégraphe Chappe), elle ne pouvait devenir un moyen de propagation que dans la mesure où il était possible de moduler une source optique à des fréquences élevées. La découverte des lasers et les nombreux travaux qui en sont issus ont permis de résoudre ce problème.Après une première période où le milieu de propagation fut l’atmosphère, un support pour le moins providentiel est apparu sous la forme des fibres optiques, permettant d’envisager des transmissions à très large bande (quelques centaines de mégahertz sur des distances de plusieurs dizaines de kilomètres sans régénération). Un domaine d’applications très vaste s’ouvrait alors, prenant en compte les divers avantages offerts (poids, dimensions, atténuation, bande passante).1. Les sources de lumière et les photodétecteursNous ne parlerons pas ici des lampes à incandescence ou des lampes à arc, dont les vitesses de modulation sont très faibles (quelques kilohertz seulement); nous ne nous intéresserons qu’aux sources modernes les plus exploitables: les lasers à gaz, à solide, ou liquide, les diodes électroluminescentes ou les diodes lasers à semi-conducteurs (tabl. 1).Un laser est formé d’un milieu amplificateur de lumière placé dans une cavité Pérot-Fabry, le gain étant obtenu suivant les corps utilisés par excitation électrique (lasers à gaz), par pompage optique (lasers à solide ou à colorant) ou encore par injection électronique (diodes lasers à semi-conducteurs). La pureté spectrale de la lumière émise dépend du matériau (bande Doppler), mais aussi de la cavité (coefficient de réflexion des miroirs, et longueur). La modulation de la lumière émise peut s’effectuer à l’aide de modulateurs externes par effet électro-optique (effet Kerr ou Pockels), ou acousto-optique, et, dans le cas des lasers à semi-conducteurs, par modulation du courant d’injection. Cette dernière raison et leur faible encombrement font que ces sources sont très utilisées en télécommunications optiques.Les diodes électroluminescentes utilisent l’émission spontanée obtenue dans une jonction semi-conductrice (arséniure de gallium, par exemple).Pour les sources lasers à semi-conducteurs (diodes électroluminescentes et diodes lasers), deux matériaux sont utilisés; ce sont soit les composés à base d’arséniure de gallium et d’aluminium sur substrat d’arséniure de gallium émettant entre 0,8 et 0,9 猪m, soit les composés de gallium, indium, arsenic et phosphore sur substrat de phosphure d’indium émettant entre 1,1 et 1,6 猪m.Deux types de photodétecteurs sont utilisables pour les télécommunications optiques; l’un est fondé sur la photoémission dans les tubes à vide, l’autre sur la conversion photon-électron dans les jonctions semi-conductrices polarisées en inverse. Deux éléments plus sophistiqués utilisent la multiplication d’électrons sur des dynodes dans le premier cas (tube photomultiplicateur), ou le processus d’avalanche dans le second (photodiode à avalanche). Les sensibilités dépendent de la couche utilisée pour la photocathode dans le premier type de détecteur et du matériau dans le second. L’un des facteurs prépondérants lors de la photodétection est le bruit apporté, soit par le détecteur proprement dit, soit par l’amplification intrinsèque (multiplication, avalanche), ou encore par l’amplificateur électronique de sortie. Par ailleurs, des limitations apparaissent en fonction de la fréquence utilisée par l’intermédiaire des capacités des différents éléments et des charges ohmiques utilisées, le détecteur se conduisant comme un générateur de courant. Enfin, les paramètres géométriques et les tensions utiles interviennent en fonction de l’application visée. Les puissances minimales détectées dépendent de nombreux facteurs: bande passante et type du signal utilisé, circuit de détection (numérique, analogique), rapport signal sur bruit nécessaire pour l’utilisation du signal, etc.Reprenant la définition classique de l’atténuation en décibel:on définira une puissance par rapport au milliwatt par la loi:on détermine les puissances exprimées en dBm (décibel par rapport au milliwatt) pour des signaux correspondant à des transmissions numériques à 1 mégabit par seconde (P r1) et 100 mégabits par seconde (P r2) et des signaux de télévision codés en impulsion de position (P r3), en plus des caractéristiques principales, sensibilité, gain, courant d’obscurité et fréquence maximale de réception des photodétecteurs classiques.Ainsi, pour une photodiode PIN au silicium, les puissances P r1, P r2, P r3 sont égales respectivement à 漣 60 dBm, 漣 45 dBm, 漣 40 dBm (longueur d’onde d’émission de 0,6 à 1 猪m); pour une photodiode à avalanche au silicium à 漣 70 dBm, 漣 55 dBm, 漣 50 dBm (longueur d’onde d’émission de 0,6 à 1 猪m); enfin pour une photodiode au germanium à 漣 60 dBm, 漣 45 dBm et 漣 40 dBm (longueur d’onde d’émission de 0,9 à 1,6 猪m).2. La propagation libreDe nombreuses études ont porté sur la propagation de la lumière dans l’atmosphère pour des applications différentes des télécommunications. Les causes d’atténuation, multiples, sont dues soit aux constituants de l’atmosphère (vapeur d’eau, dioxyde de carbone, ozone), ce qui détermine des zones de transparence, en particulier dans le visible et dans l’infrarouge moyen (10 猪m), soit à la diffusion de la lumière sur des particules en suspension (brouillard, pluie). Deux types de diffusion apparaissent selon que les particules sont petites devant la longueur d’onde (diffusion de Rayleigh) ou de taille voisine ou supérieure (diffusion de Mie). Dans le premier cas, la loi expérimentale d’atténuation en décibel par kilomètre est de la forme 見 = 3,6 NA 3 size=1漣4, où N est le nombre de particules par centimètre cube, A leur section en centimètres carrés et la longueur d’onde de la lumière en centimètres. Dans le second cas, la diffusion est nettement moins sélective et obéit à des lois plus complexes qui font intervenir le paramètre:où a est le rayon des particules et n leur indice optique. L’ensemble de ces lois s’est révélé très délicat pour l’utilisation pratique. En général, on est ramené à la notion connue des météorologues de «visibilité» (distance à laquelle le contraste apparent d’un objet est réduit à 2 p. 100 de sa valeur à faible distance). On a montré expérimentalement que, entre la visibilité V en kilomètres et l’atténuation, une relation existait sous la forme 見 = 17/V . Cette relation est fort utile si l’on a accès aux relevés des services météorologiques qui donnent des statistiques sur V (en particulier pour les aérodromes). De plus, c’est une méthode pratique d’évaluation d’une liaison qui nécessite un matériel simple et bon marché. Il est toutefois évident que ces indications ne sont valables que pour le visible et ne peuvent être transposées à des longueurs d’ondes de 10 猪m, par exemple.Les paramètres précédents créent une atténuation sur le faisceau optique, mais n’altèrent pas directement la bande passante du signal. Un autre phénomène peut apporter à la fois une atténuation supplémentaire et une distorsion: c’est la turbulence de l’atmosphère. Cette turbulence crée des hétérogénéités d’indice du milieu (exemple des mirages), et donc des déviations aléatoires du faisceau optique.Ces déviations peuvent donner lieu à un phénomène lent, la dérive du point d’impact du faisceau qui, si elle n’est pas rattrapée par le système de réception, crée une perte en puissance au niveau de l’optique d’extrémité, ainsi que des variations rapides (quelques kilohertz) dans la tache lumineuse de réception du signal. Ce dernier point correspond à des trajets différents dans l’atmosphère et peut donner lieu à des limitations en bande passante (1 GHz). Dans les systèmes étudiés, le premier paramètre avait été résolu à l’aide de servomécanismes, le second apparaissait au-delà des possibilités des modulateurs de l’époque.Malgré le gros avantage de la directivité des lasers, les phénomènes les plus contraignants étant le brouillard et la brume, les statistiques sur des liaisons expérimentales concernant l’atténuation du signal ont montré qu’il était illusoire de vouloir créer des faisceaux hertziens optiques. Seules des applications aux satellites ont vu le jour. Toutefois, les résultats obtenus ont été très utiles pour le développement de la télémétrie laser, ou pour la commande à distance de postes de télévision, de magnétoscopes, etc., à l’aide d’une diode électroluminescente dans le boîtier de commande et d’une photodiode dans le récepteur.3. La propagation guidée: les fibres optiquesLa propagation libre restant délicate, de nombreux chercheurs tentèrent de guider la lumière par différents procédés. Certains d’entre eux ont utilisé des lentilles successives pour refocaliser périodiquement le faisceau dans des guides. Les lentilles étaient matérielles (Bell Laboratories), ou gazeuses, obtenues par un gradient d’indice thermique en chauffant et en refroidissant alternativement au cours de la propagation (C.N.E.T.-S.A.T.). En fait, ces guides auraient pu déboucher sur une solution valable si une révolution technologique ne les avait relégués au rang d’objets de musée. En septembre 1972, des chercheurs de la firme américaine Corning annonçaient à Genève l’obtention de fibres de verre d’atténuation inférieure à 4 décibels par kilomètre. Ce phénomène, lié à la réalisation de composants optoélectroniques travaillant sur les mêmes longueurs d’onde, devait conduire à une véritable explosion de recherches et d’idées d’utilisation. Ces fibres, de très petites dimensions (de l’ordre de 100 à 200 猪m de diamètre), formées de deux zones concentriques de verres différents (le cœur et la gaine), peuvent être classées en trois catégories selon leurs caractéristiques géométriques (fig. 1):– Les fibres monomodes, dont le cœur est en général très petit (de l’ordre de 10 猪m), ne permettent de propager qu’un seul mode en liaison avec les lois générales de l’électromagnétisme. Elles ont, par définition, une bande passante extrêmement grande (quelques gigahertz), à condition de disposer d’une source de lumière monochromatique, c’est-à-dire laser.– Les fibres multimodes à saut d’indice possèdent un diamètre de cœur plus confortable (de 50 à 85 猪m). La frontière entre le cœur et la gaine présente une forte discontinuité d’indice. Dans ce cas, la propagation suit les lois de l’optique géométrique avec réflexion totale des rayons le long de cette frontière.– Pour comprendre la troisième famille, les fibres multimodes à gradient d’indice, on suppose qu’on sait réaliser deux lentilles, l’une classique, plan convexe, où le trajet optique à l’intérieur est de la forme ne (r ), n étant l’indice et e l’épaisseur variable en fonction de la distance à l’axe r , et l’autre, plate, d’épaisseur e mais où l’indice n varie en fonction de r de telle manière que n (r )e = ne (r ). On en déduit aisément que ces deux lentilles focaliseront la lumière dans les mêmes conditions. La seconde, étant plate, peut être empilée avec des lentilles semblables qui réaliseront une convergence permanente des rayons. Si la loi d’indice est quasiment parabolique, des rayons issus d’un même point reconvergeront périodiquement aux mêmes endroits, réalisant un guidage parfait. De telles fibres présentent des bandes passantes supérieures à 1 gigahertz.Dans les deux derniers cas, la propagation est plus complexe en fonction des irrégularités du guide qui créent des échanges d’énergie entre les différents modes de propagation. Depuis la fin des années 1980, les systèmes de télécommunication sont équipés exclusivement de fibres monomodes à 1,3 猪m de longueur d’onde.Comme pour l’atmosphère, les pertes dans les fibres optiques sont dues à deux phénomènes liés à l’absorption par les impuretés d’une part, et à la diffusion sur les hétérogénéités du verre ou des défauts (interface gaine-cœur) d’autre part. Les impuretés les plus gênantes sont formées par les cations des métaux (fer, cobalt, nickel, chrome, cuivre, etc.), en très faible quantité (8 憐 10 size=1漣9 g/g de fer = 20 dB/km), et les ions OH size=1漣, en quantité plus élevée.Ces teneurs extrêmement faibles expliquent à elles seules la difficulté de fabrication des fibres. La diffusion, qui fut un défaut important dans les toutes premières productions, a atteint les limites irréductibles de la diffusion de Rayleigh (en 1/ 4). Les records d’atténuation totale sont de 1,5 dB à 0,85 猪m et de 0,16 dB à 1,5 猪m, permettant la réalisation de liaisons sur plusieurs dizaines de kilomètres.4. Les technologies de fibresPlusieurs techniques furent en concurrence pour produire des fibres optiques de bonne qualité (tabl. 2). Les premières étaient issues des techniques du verre les plus traditionnelles, la purification étant obtenue à partir d’un choix de matières premières extrêmement précis (taux d’impuretés très faible). Les verres les plus fréquemment employés sont des boro-silicates ou silico-sodo-calciques. Les procédés nécessitent d’éviter toute contamination pour la fibre lors des opérations, en particulier par les ions OH size=1漣 (atmosphère gazeuse), ou par les impuretés métalliques (choix des creusets, alumine, silice). Les verres traditionnels présentent une certaine facilité à la dévitrification; aussi, en plus de l’absorption, il est important d’éliminer cette cause de diffusion par un traitement thermique approprié. Un avantage très souvent retenu pour ces méthodes est la possibilité de produire des fibres en continu, sans arrêt dans le procédé (méthode du double creuset). Dans certains cas, des échanges d’ions tels que le thallium et le potassium (procédé Selfoc) permettent, en cours de tirage des fibres, d’obtenir des gradients d’indice. L’état de l’art pour ce type de verre donne une atténuation minimale de 5 décibels par kilomètre, pour des bandes passantes variant de 50 mégahertz par kilomètre (verre traditionnel) à 1 gigahertz par kilomètre (technique Selfoc) et pour des longueurs d’onde de 0,85 猪m.Lorsqu’on note les teneurs en impuretés citées, un rapprochement peut se faire assez facilement avec la technologie des semi-conducteurs. Il n’est donc pas étonnant que la méthode la plus employée pour produire de bonnes fibres soit une technique connue depuis longtemps sur le silicium: la C.V.D. (Chemical Vapor Deposition) [fig. 2] et sa technologie dérivée (M.C.V.D., Modified Chemical Vapor Deposition) partent de corps liquides sous forme de chlorures, en général (chlorure de silicium SiCl4, de bore BCl3, de germanium GeCl4 ou d’oxychlorure de phosphore POCl3, etc.), ces liquides pouvant être purifiés à l’extrême par distillation. Des mélanges de chlorures gazeux sont oxydés (ou hydrolysés) au niveau d’un four mobile, réalisant ainsi des dépôts très minces d’oxydes (SiO2, B23, Ge2, P25) dont la composition dépendra étroitement des pressions partielles de gaz. De nombreuses passes du four sont nécessaires pour obtenir les quantités voulues de matière, mais elles permettent par là même de déposer des couches de natures chimiques différentes et donc d’indice variable. Le support utilisé en M.C.V.D. pour le dépôt est l’intérieur d’un tube de silice vitreuse ensuite rétreint afin d’éliminer la cavité centrale et d’obtenir une préforme de 10 à 20 millimètres de diamètre extérieur. Par étirement, cette préforme donne des fibres de 100 à 125 micromètres de diamètre extérieur.D’autres méthodes ont vu le jour et laissent espérer des développements nombreux. Citons, entre autres, l’utilisation de la torche à plasma qui permet de purifier à l’extrême les matériaux; il s’agit du procédé P.O.I.D. (Plasma Outside-Inside Deposition), qui est plus économique que le M.C.V.D., plus précis, et qui permet d’obtenir de plus grandes longueurs de fibres (typiquement supérieures à 100 km par tirage).Nous n’avons abordé jusqu’à présent que la technique d’élaboration du verre de départ. Le fibrage est réalisé sur une machine qui, à quelques variantes près, est standard. Le verre (procédé continu) ou la préforme (C.V.D., M.C.V.D.) sont introduits dans un four qui, par un procédé de verrerie classique, réalise un fil enroulé ensuite sur un tambour de réception. Habituellement, un système d’enduction d’un matériau polymère est placé sur la machine entre four et tambour, réalisant une protection mécanique. Le problème le plus important au niveau du fibrage reste la précision géométrique nécessaire pour connecter les fibres entre elles (de 2 à 3 猪m). Il est résolu par des asservissements de l’alimentation en verre et du tambour de réception.5. Les câbles optiquesNous ne parlerons ici que des câbles à fibres optiques qui, seuls, présentent un intérêt pour les télécommunications. L’étude d’un câble dépend de différents paramètres et, avant tout, de la fonction à réaliser. Entre le câble pour réseau de télécommunications à grande distance et celui qui est employé pour une ligne «bus» utilisée pour une liaison informatique dans un avion, il est évident que les structures sont assez différentes. Dans les deux cas toutefois un problème demeure quant à la protection mécanique, les fibres étant assez fragiles du fait de leurs diamètres. Les fibres sont revêtues d’une couche de protection assez fine (10 猪m) qui permet essentiellement une manipulation lors des opérations de câblage (des résistances de plusieurs centaines de milliers de pascals sont cependant obtenues). Dans de nombreux cas, on ne se contente pas de ce revêtement et on procède à une extrusion pour obtenir un fil manipulable d’environ 1 millimètre de diamètre. À partir de ce fil, il est possible de réaliser des câbles équivalents aux câbles en cuivre (assemblage, toronage, etc.). Éventuellement, des porteurs métalliques (ou en fibres de verre) assurent une protection mécanique supplémentaire. Dans les premiers essais de ce genre, on s’est vite aperçu que le gainage pouvait créer sur la propagation des phénomènes catastrophiques, sous la forme de microcourbures (gainage lâche) ou de pressions différentielles (gainage serré). Des pertes allant jusqu’à la centaine de décibels par kilomètre ont pu être observées. De plus, les contraintes pouvaient varier avec la température. Ces problèmes ont été résolus soit par des choix de matériaux ou des assemblages (matériau mou autour de la fibre dans une gaine plus dure), mais aussi par une optimisation des paramètres de la fibre (rapport diamètre du cœur/diamètre extérieur).S’il semblait normal d’adapter les méthodes de câblerie traditionnelles aux fibres, d’autres études ont procédé d’une démarche opposée et ont conduit à des câbles qui conservent une propriété essentielle des fibres: leur très petite dimension. Ces techniques intègrent un paquet de fibres dans une structure mécanique rigide, sous la forme de rubans (Bell Laboratories) ou sous la forme d’un jonc en plastique muni de fines rainures dans lesquelles les fibres viennent se loger (C.N.E.T.-L.T.T., Alcatel Câbles). Elles permettent, en outre, de réaliser des connexions globales sans avoir à toucher les fibres unitairement. De nombreux câbles de différents types sont posés dans le monde et les résultats obtenus montrent que ce problème semble bien résolu. De plus, dans certains cas, une supériorité très nette est apparue sur le plan mécanique par rapport à des câbles équivalents en cuivre (fig. 3).6. Le raccordement et la transmissionCompte tenu des dimensions, il est naturel que le raccordement de fibres optiques pose quelques problèmes de micromécanique. Plusieurs causes de pertes apparaissent en fonction des positionnements respectifs (latéral et longitudinal) ou des défauts géométriques (ellipticité de la gaine et du cœur, décentrement de l’un par rapport à l’autre). Des écarts de 2 à 5 micromètres sur l’un ou l’autre de ces paramètres conduisent rapidement à des pertes de connexion supérieures au décibel. De nombreuses méthodes ont été proposées pour résoudre ce problème. En dehors de l’épissure par fusion réalisable assez simplement, la plupart des connecteurs s’appuient sur un élément mécanique de précision (rainure en V, ferrule, piges cylindriques, etc.) qui assure le positionnement par contact avec la fibre sur deux arêtes. Pour obtenir les meilleurs résultats, il est important de mouiller les faces d’un liquide adaptateur d’indice, le passage verre, air, verre provoquant des pertes de l’ordre de 0,4 dB Au prix de toutes ces précautions, des connecteurs divers ont vu le jour avec des pertes de connexion très faibles (0,2 dB) qui, pour une production de fibres (de diamètre moyen de 125 猪m 梁 2 猪m) créent des pertes totales inférieures à 0,5 dB.Aux connecteurs de ligne proprement dits, il convient d’ajouter les connexions avec les éléments d’extrémité. Seuls les couplages avec les diodes électroluminescentes et les diodes lasers ont été sérieusement étudiés. Les paramètres à prendre en compte dans ce cas sont, pour la source, la surface et le diagramme d’émission, pour la fibre, la dimension du cœur et l’ouverture numérique (ou angle d’acceptance). Des pertes comprises entre 10 et 20 décibels sont classiques pour des diodes électroluminescentes. Pour les diodes lasers, des pertes de couplage de l’ordre du décibel ont été obtenues à l’aide de micro-lentilles ou en modelant les faces extrêmes des fibres sous forme de sphères par fusion. La connexion avec les éléments photodétecteurs ne pose, en général, pas de difficultés majeures. Il suffit que ces derniers soient surdimensionnés par rapport au diamètre du cœur de la fibre pour obtenir des pertes quasiment nulles.Nous possédons, avec l’ensemble des éléments traités ici, un puzzle qu’il faut assembler pour faire un certain nombre de systèmes. Le plus simple est formé d’une transmission point à point (ou avec des répéteurs), le problème étant d’optimiser et de choisir les différents composants en fonction du besoin. Les paramètres des sources, fibres et photodétecteurs permettent d’établir les bilans des liaisons correspondantes (fig. 4 et 5). Les principaux sont: la puissance d’émission, les pertes au couplage, les pertes en ligne (milieu et connexion), la puissance minimale de réception pour un signal donné, les bandes passantes du milieu et des composants.Les mêmes paramètres des sources, fibres et photodétecteurs permettent d’établir les bilans de transmissions dans l’atmosphère dans les mêmes conditions, mais outre les variations climatiques qui introduisent un aspect statistique (la liaison sera établie pendant un pourcentage de temps déterminé), le facteur le plus difficile à évaluer concerne les pertes de couplage en réception puisque l’optique utilisée intervient directement dans le calcul (rapport de la tache à la distance choisie et de la taille de l’optique).Dans des expérimentations de ce type, des liaisons ont été obtenues sur 23 kilomètres avec une tache lumineuse de 1 mètre de diamètre et une optique de 20 centimètres, perdant ainsi 14 décibels à la réception; compte tenu d’une dynamique de 50 décibels (laser de puissance 10 mW et photomultiplicateur), il reste donc une marge d’atténuation de 36 décibels à 140 mégabits par seconde correspondant à une probabilité de liaison supérieure à 95 p. 100 (fig. 6). Cet exemple illustre bien la difficulté de réaliser des faisceaux hertziens optiques qui, pour de tels débits, auraient dû obéir aux normes de sécurité (99,9 p. 100) du Comité consultatif international de la radioélectricité (C.C.I.R.).7. Autres applications et développementsLes bilans de puissance concernent essentiellement les applications à la transmission d’informations point à point. Dans ce cas, on utilise surtout les propriétés des fibres liées à la bande passante ou à la faible atténuation. En fait, bon nombre d’avantages potentiels ont permis d’aboutir à des applications diverses. L’insensibilité aux parasites électriques et le gain sur l’encombrement dans les câblages sont prépondérants pour les applications à l’informatique et à l’avionique, d’autant plus que des coupleurs permettent de réaliser facilement des «bus» optiques. Dans ces cas précis, les distances à parcourir sont très faibles (quelques centaines de mètres), les composants d’extrémité simples (diode électroluminescente, photodiode PIN). Les câbles, en informatique et avionique, furent pendant longtemps formés de faisceaux de fibres optiques véhiculant la même information. La technique a évolué vers des fibres de gros diamètre (de 200 à 600 猪m). Les coupleurs permettent soit la connexion d’un terminal sur la fibre (coupleur en té), soit le couplage de tous les terminaux en parallèle (coupleur étoilé; fig. 7). Suivant les technologies, le nombre de coupleurs varie de la dizaine (coupleur en té) à quelques dizaines (coupleur en étoile). L’informatique à bord des avions a été câblée de cette sorte avec un gain important de place, mais aussi une sécurité accrue contre les parasitages ou les risques de propagation d’incendie.Cette propriété d’absence de parasitage des fibres a créé des débouchés industriels intéressants dans tous les milieux où ce type de perturbation est important. Nous citerons entre autres les applications à la surveillance des réseaux de transport d’énergie, aux systèmes de transmission le long des voies ferrées, les liaisons dans les aéroports, etc.En ce qui concerne les télécommunications, les systèmes mis en service en France depuis la fin des années 1980 concernent principalement le réseau interurbain; celui-ci est constitué de quatre centres internationaux (situés à Reims, à Bordeaux, à Lyon et à Marseille) et d’une quarantaine de centres de transit. Ce réseau est maillé dans ses liaisons principales, avec des prolongements à partir des nœuds pour la desserte des commutateurs à autonomie d’acheminement, c’est-à-dire desservant une zone à autonomie d’acheminement (il en existe par exemple quatre entre les centres de transit d’Orléans et de Clermont-Ferrand). Ce réseau utilise des fibres monomodes à 1,3 猪m à quatre fois 140 mégabits par seconde avec un pas de régénération de 42 kilomètres. Une nouvelle génération utilise la longueur d’onde de 1,55 猪m avec un pas de régénération de 70 kilomètres.
Encyclopédie Universelle. 2012.